Marivaux s'invite au Ciné-Loire !

Nous avons assisté mardi 5 février à la diffusion au Ciné-Loire d’une représentation du Petit-Maître corrigé de Marivaux, mise en scène par Clément Hervieu-Léger à la Comédie française (en 2018). Cette pièce méconnue, créée en 1734 et jouée seulement deux fois à l’époque de Marivaux, a éveillé notre intérêt tout en venant compléter notre lecture des Fausses Confidences du même auteur.

 

 

 

Rosimond, un jeune parisien très maniéré (un « petit-maître »!) vient en province pour épouser Hortense, aristocrate comme lui mais dont les manières et les mœurs sont bien plus naturelles et simples. La bizarrerie et l’affectation de Rosimond et de son valet Frontin (très bien rendues par les acteurs, qui ont visiblement travaillé pour rendre leur élocution comique) choquent Hortense et sa suivante Marton, au point que les deux femmes décident de « corriger » les deux hommes pour leur faire retrouver leur naturel, et leur caractère authentique et aimable. Marton nous a d’ailleurs rappelé le Dubois des Fausses Confidences par son côté directif et l’efficacité de son action.

 

La mise en scène simple dans sa forme mais efficace dans ses effets mettait bien en valeur l’opposition entre Paris et la province, les hommes et les femmes ; le comique à la fois de langage, de caractère, de geste et de situation a contribué à nous faire globalement apprécier la pièce. Le personnage de Rosimond est progressivement acculé et poussé dans ses retranchements, puis « achevé » par Marton et Frontin, avant d’en venir à l’aveu amoureux sincère tant attendu par Hortense, qui ne demande qu’à lui offrir son coeur.

 

Pari tenu, donc, pour le metteur en scène qui se proposait de faire entrer la pièce en résonance avec notre époque : l’artificialité des fashion victims, la difficulté à s’affranchir des codes sociaux pour exprimer ses vrais sentiments, les réticences à s’engager (à une époque où les relations amoureuses sont marquées par la légèreté et l’inauthenticité) – tous ces aspects nous ont parlé et nous ont montré, si besoin était, la modernité de Marivaux.

 

Les élèves de 632